Montréal

Un « phare » dans la chambre à coucher

« La première nuit, je n’ai pas dormi. L’autre après, je me suis levée en plein milieu de la nuit pour éteindre la lumière, pour me rendre compte que la lumière, elle venait de dehors. »

Depuis le 12 février dernier, Marie-Josée Legault vit avec ce qu’elle appelle un « phare pour les bateaux » devant chez elle. En principe, le lampadaire est censé éclairer la piste cyclable qui passe devant son condo de L’Île-des-Sœurs. Dans les faits, il diffuse aussi une lumière blanche à plusieurs dizaines de mètres à la ronde. Une lumière blanche qui entre jusque dans la cuisine et la chambre à coucher de Mme Legault.

« On a un store et des rideaux, dit-elle en montrant la fenêtre de sa chambre à coucher. Mais la lumière passe quand même en haut et par les côtés. »

Même si le nouveau lampadaire abrite des DEL à 4000 K, il n’est pas du même type que ceux qui seront installés partout à Montréal. En fait, le Directeur de santé publique de Montréal considère un peu les lampadaires de L’Île-des-Sœurs comme l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire.

« Ce sont des lumières de type “phare” qui éclairent dans toutes les directions. C’est… très éclairant. C’est le genre d’information qu’on veut donner pour la suite des choses », dit Monique Beausoleil, toxicologue au Directeur de santé publique de Montréal.

Bernard Tessier, ingénieur retraité qui habite le secteur, a scruté avec attention les nouveaux luminaires. Selon lui, 27 des 44 lampadaires ont en fait été installés du mauvais côté de la piste cyclable.

« Ces luminaires émettent 70 % de leur lumière d’un côté et 30 % de l’autre. Normalement, on aurait dû s’arranger pour que le côté qui éclaire le plus ne soit pas braqué vers les maisons. »

— Bernard Tessier, ingénieur retraité de L’Île-des-Sœurs, en brandissant la fiche technique des produits en question

À l’arrondissement de Verdun, on indique qu’on n’avait pas le choix : la présence de conduites de gaz naturel a obligé les autorités à placer certains lampadaires face aux maisons.

L’arrondissement dit avoir reçu deux plaintes relatives aux nouveaux luminaires et étudie la question.

« Aucune décision n’est encore prise quant aux lampadaires DEL, a dit Jean-François Parenteau, maire de l’arrondissement de Verdun. Nous attendons d’abord les recommandations de la DSP. D’ici là, j’explore toutes les options à notre disposition – c’est pourquoi j’ai demandé le prix du changement vers du DEL ambré. »

« Aussi, nos services étudient deux options qui devraient atténuer l’éblouissement déploré par certains citoyens : la mise en place d’une vasque givrée et l’introduction de louves dans certains lampadaires. »

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